« Les montagnes bleuissent. Le fond de la vallée s’enfume d’un brouillard blanc qui s’effile, se balance et s’étale comme une onde. Une haleine fraiche monte déjà de ce lac impalpable, et le nez de Nonoche s’avive et s’humecte. »
Colette
« Tout se taisait autour de moi. Rien ne suggère comme le silence le sentiment des espaces illimités. J’entrai dans ces espaces. Les bruits colorent l’étendue et lui donnent comme une sorte de corps sonore. Leur absence la laisse toute pure et c’est la sensation du vaste, du profond, de l’illimité qui nous saisit dans le silence. »
Bosco
Lyse Mary, artiste peintre à Sallanches, Haute Savoie
Lyse Mary est née à Pézenas, ville de Molière dans le sud de la France.
Pourtant c’est à Lille dans le Nord, qu’elle fait un passage de deux ans aux Beaux arts. Malgré cela, elle reste essentiellement autodidacte dans sa démarche. Elle s’est arrêtée au creux des montagnes ; à Sallanches près d’Annecy, entre Cordon et Combloux, les montagnes l’ont gagnée.
Curieuse de toutes les mouvances picturales, elle en reste à la limite, cherchant sans cesse les siennes. L’humain n’est-il pas un funambule qui cherche son équilibre? Le peintre et l’artiste peut être encore plus. Après diverses expositions collectives et personnelles, elle expose régulièrement son travail entre une galerie à Megève et des expositions à Pézenas dans son pays d’origine. Elle a déjà exposé en Suisse au GATT et participé à des salons à Paris.
Dans sa peinture, son intérêt oscille entre l’humain et la nature.
Peindre, elle le ressent comme une aventure à la rencontre de soi et des autres.
Lyse Mary vue par ses amis artistes
Entre humain et nature, l’artiste ne choisit pas. Elle poursuit sa quête de l’être, dans sa réflexion sur le sens de l’existence, que ce soit par les yeux d’un enfant, ceux d’une vieille femme et de son chat, ou encore, ceux, plus interrogateurs, de cette femme au turban. Et si un certain tourment est encore palpable, la sérénité s’affirme dans l’œuvre de Lyse Mary : courbes d’un corps, douceur des bras maternels enserrant son enfant, quiétude d’un moine de ces hauts plateaux où l’on ne sait où commence et s’achève le monde minéral et animal, lumière au cœur d’une forêt, lumière d’une aube vénitienne…
La lumière. Une recherche constante pour Lyse Mary, élément indispensable à l’équilibre entre homme et nature, entre charnel et spirituel. Lumière de ces hautes terres où s’accroche une vie ancestrale, lumière émergeant des brumes, lumière du geste vers son absolu…
Lyse Mary, à travers son œuvre, se dévoile subtilement : l’élégance du trait ne masque ni ses engagements ni ses propres questionnements et confère à sa peinture une maturité affirmée.
Mireille Barnier
LYSE MARY, peintre du surnaturel, artiste surnaturelle
Quand on regarde la peinture de Lyse Mary au premier degré, on se dit : « Il y a des personnages, des paysages, des décors. »
Des genres « classiques », reconnus qui traversent les siècles, les générations depuis la nuit des temps.
Or, les choses ne sont pas aussi simples !
Lyse aime avec un grand A : la nature dans sa totalité.
Lyse aime avec un grand A : l’humanité dans sa globalité.
Lyse aime avec un grand A : les cultures, les idées, la philosophie des religions dans leur universalité.
Bref sa curiosité « multicartes » est naturelle et profonde…pour engendrer une peinture surnaturelle, jamais superficielle, jamais « réaliste » et encore moins « Hyperréaliste » !
Nous pourrions ainsi ajouter le superlatif à propos de son art qu’il est « Hyper surnaturel ».
La problématique de Lyse s’appuie sur un dessin toujours très soigné, élaboré, structuré, réfléchi.
La chorégraphie orchestrée des corps, des postures, des gestes toujours recherchés, s’évertue à élever leur dignité « corporelle », leur condition mortelle.
Elle cherche, elle sert surtout à décupler leur dignité d’esprit.
C’est alors que leurs présences deviennent surnaturelles comme par magie.
Chaque mise en scène, tout en étant millimétrée, semble enrobée d’une sorte de voile d’Orphée qui nous transporte et nous envoûte. Des regards contemplent un espace temps souvent illimité, à la fois précis et flou, caractérisé ou indéfini, paradoxalement fuyant et proche. Lyse nous place en quelque sorte comme des spectateurs privilégiés au cœur d’un dispositif, d’un spectacle hors du commun, tout en restant quelque part familier. Quand nous contemplons une œuvre de Lyse, nous sommes face à une ou plusieurs « apparitions ».
Lyse manipule les contraires : la proximité naturelle qu’elle entretient avec des êtres, dans leurs décors qu’elle crée, est étonnante… La façon dont elle exploite des situations naturelles mais irréelles entraîne des décalages temporels incroyables mais vrais ! Lyse exerce son don d’engendrer des caractères surnaturels au sein de ce qu’elle nous représente ! Nous devenons ainsi des témoins d’exception de toute sortes d’apparitions d’êtres de chair et d’esprit de paysages esthétiquement fantastiques de spectacles de lieux, de faits, d’évènements tous aussi naturels qu’exceptionnels dans et pour leur dimension surnaturelle.
Lyse applique son « credo » : Je veux découvrir, explorer, partager l’intimité de ces personnes, de ces endroits avec la conviction profonde qu’ils vont nous apporter quelque chose d’important. Leur « distance » leur à priori « étrangeté » cède rapidement la place au dialogue et à la communication de pensée.
Chaque œuvre devient ce vase communicant, ce récipient précieux ou la part d’humanité, de tendresse se déverse en continu avec subtilité dans un concert de glacis, de flous, d’ocres, de parties achevées contredites par d’autres inachevées. Comme si les choses étaient en train de se faire et de se défaire sous nos yeux ; comme si le monde se construisait, se déconstruisait pour mieux réapparaître ensuite meilleur et plus beau. Avec Lyse, les choses nous apparaissent curieusement plus « évidentes » mais jamais triviales. C’est l’art de cacher pour mieux démontrer l’intimité de l’être. On se surprend en nous disant « Oui ! Je sens ! je les connais ! Ces gens, ces paysages… Je peux, je suis prêt et capable de les rencontrer pour partager avec eux ! » Malgré ces certitudes, je ne retiens jamais les images peintes par Lyse … non à cause de leur complexité mais à cause de leur part de mystère qui demeure intacte !
Lyse nous place acteur non pas d’une comédie de l’art mais acteurs potentiels d’une communion d’esprit avec l’autre et son « ailleurs » dans son ailleurs…
Nous devenons comme dotés de pouvoirs, de capacités nouvelles, capables d’assister mais surtout de comprendre des phénomènes naturels tout en devenant nous-même « surnaturels ».
Le véritable talent de Lyse est de renverser la problématique habituelle. Lyse n’est pas une visionnaire comme on l’entend ou comme on l’attend. (Pour la plupart des artistes).
Lyse nous rend et nous élève au rang ou au stade de visionnaire.
Lyse n’a pas fini de nous étonner avec son hyper surnaturel.
Stéphane Cerutti